Page 10 - Rapport Annuel de CIWA, année 2024
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Introduction










        Introduction






                l est essentiel de promouvoir une   à la disponibilité des ressources en eau et la    Le programme CIWA s’efforce de renforcer
          I
                        gestion et une mise en valeur durables   fréquence des phénomènes météorologiques   la gestion et la mise en valeur concertées
         des  ressources  en eau  pour assurer la   extrêmes. Les femmes et autres groupes de   des ressources en eau transfrontalière en
         croissance économique et la réduction de la   population marginalisés seront touchés de   Afrique subsaharienne et de contribuer à
         pauvreté en Afrique. Une bonne gestion de   manière disproportionnée par la volatilité des   une croissance durable et résiliente face
         ces ressources peut contribuer, entre autres,   prix des denrées alimentaires et de l’énergie   au changement climatique. Pour y parvenir,
         à renforcer la résilience face aux changements   en  raison  de  la  dégradation de la sécurité   il apporte son appui aux institutions
         climatiques et à la fragilité. Partout en Afrique,   hydrique.  Ils  subiront  davantage  les  chargées de la gestion et de la mise en
         les besoins en eau sont multiples et   conséquences des catastrophes naturelles, qui   valeur  des  bassins,  catalyse  les
         concurrents : approvisionnement des ménages   se traduiront notamment par une plus grande   investissements porteurs de transformation
         pour divers usages, irrigation des cultures pour   vulnérabilité à l’insécurité alimentaire, une   dans le domaine de l’eau, et facilite la
         lutter contre la faim, développement  de   pauvreté croissante et une exposition accrue à   collecte et le partage d’informations sur les
         l’hydroélectricité pour répondre aux besoins   la violence et aux déplacements forcés.  avantages d’une coopération. Les effets
         croissants du continent en électricité. L’Afrique                      concrets de ces efforts, comme ceux des
         est dotée d’abondantes ressources en eau et   Ces  difficultés  ne  doivent  toutefois  pas   projets  de  préparation  à  l’investissement,
         de capacités naturelles de stockage.  Le   occulter les immenses possibilités offertes par   des initiatives de partage d’informations et
         véritable enjeu pour de nombreuses femmes   les ressources en eau de l’Afrique. Moins de 6 %   des  mesures  de  renforcement  des
         et  de  nombreux  hommes  africains  reste   des  terres cultivées sont actuellement   institutions, ne se feront peut-être pas
         toutefois d’avoir accès à une eau de qualité là   irriguées  et seulement 8 % à 10 % des   pleinement sentir avant plusieurs années.
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         où ils en ont besoin et quand ils en ont besoin.   capacités  hydroélectriques  ont  été  CIWA intervient souvent avant la mise en
         Les systèmes de surveillance, de régulation,   développées³. La coopération transfrontalière   œuvre des investissements et, dans de
         de stockage et  d’utilisation de l’eau sont   peut renforcer la valeur globale des eaux   nombreux bassins, s’est engagé sur le long
         insuffisants  dans  de  nombreux  pays.  Le  fait   partagées et accroître les avantages régionaux,   terme à renforcer les capacités requises
         que  la  plupart  des  fleuves,  des  lacs  et  des   notamment en favorisant une meilleure   pour obtenir des résultats dans les situations
         aquifères s’étendent au-delà des frontières   répartition de l’électricité au moyen de réseaux   touchées  par  la  fragilité,  les  conflits  et  la
         complique encore la situation. De fait, tous les   électriques régionaux, en réduisant les risques   violence.  L'approche transfrontalière et
         pays de l’Afrique continentale ont au moins un   d’inondation et de sécheresse  grâce à  une   multibassin de  CIWA  rend  ce  programme
         bassin transfrontalier ; ces bassins abritent à   gestion concertée des réserves d’eau, en   unique dans le domaine du développement.
         eux tous près de 65 % de la population de   protégeant les services environnementaux et les   Il collabore avec les organismes régionaux de
         l’Afrique subsaharienne. Soixante bassins   moyens de subsistance qui dépendent des   bassin, les autorités nationales, les groupes
         transfrontaliers  s’étendent sur  62  %  du   ressources en eau, et en améliorant la durabilité   de la société civile et d’autres parties
         territoire  africain  ;  cinq  d’entre eux  sont   des eaux partagées.  prenantes afin de consolider les informations
         partagés par huit pays ou plus (les bassins                            et les institutions et de préparer les
         du Congo, du Niger, du Nil, du Zambèze et du   Collaborer  sur  les  aspects  techniques,   investissements. Sa structure lui permet de
         Lac Tchad ). Les cinq principaux bassins   environnementaux,  financiers  et  politiques   réagir  rapidement  et  avec  souplesse  afin
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         fluviaux  représentent  52  %  de  la  superficie   de la gestion et de la mise en valeur des eaux   d’aider les pays africains à promouvoir une
         de l’Afrique subsaharienne.        transfrontalières  peut  aider  les  pays  à   croissance durable et résiliente face au
                                            surmonter  certains  défis  qui  se  posent  au   changement climatique et de contribuer ainsi
         L’Afrique  affiche  le  taux  de  croissance   niveau régional et à tirer parti de précieuses   à réduire l’extrême pauvreté et à favoriser une
         démographique le plus élevé au monde, et   opportunités offertes par  cette ressource.   prospérité  partagée,  équitable  et  inclusive.
         devrait  compter  1,8  milliard  d’habitants  à   Dans le bassin du Nil, par exemple, il serait   CIWA s’efforce  à la fois de renforcer  les
         l’horizon 2040. La population urbaine devrait   possible, en renforçant la coopération dans le   capacités institutionnelles et les systèmes
         doubler sur le continent entre 2000 et   domaine de l’eau et de l’énergie, d’abaisser les   d’information et d’aider les pays riverains à
         2030. Les  taux élevés  d’urbanisation   coûts à un niveau inférieur à  ceux qui   accroître la qualité des investissements.
         s’accompagnent d’une concurrence accrue   résulteraient de la poursuite de projets de
         pour l’eau entre les secteurs agricole,   développement plus ponctuels et d’un
         industriel et les services municipaux. D’ici   commerce énergétique limité⁴. CIWA mise sur
         2040, les besoins alimentaires, énergétiques   ces possibilités de gestion et de mise en valeur
         et  en  eau  du  continent  devraient  concertées  pour aider les pays  riverains
         respectivement doubler, quadrupler et   africains à exploiter le potentiel productif des
         quintupler, ce qui devrait exercer une   eaux transfrontalières. La complexité des
         pression considérable sur les ressources en   enjeux liés à ces dernières oblige les pays et la
         eau et affecter tout particulièrement les   communauté internationale à s’affranchir des
         populations pauvres et vulnérables. Le   approches classiques au profit de méthodes
         changement climatique ne fera qu’aggraver   plus judicieuses de gestion et d’investissement
         la situation en accroissant l’incertitude quant   dans le secteur de l’eau.



                1  Wolf, A. T., Natharius, J. A., Danielson, J. J., Ward, B. S. & Pender, J. K. (1999) International River Basins of the World. Int. J. Water Resour. Devel. 15(4), 387–427
                2  FAO. 2020. https://www.fao.org/sustainability
                3  Association internationale de l’hydroélectricité. 2023. https://www.hydropower.org/region-profiles/africa
         05     4  Etichia et al. Energy trade tempers Nile water conflict. Nature Water, 2024; 2 (4): 337
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