Page 67 - Rapport Annuel de CIWA, année 2024
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Étudier l’impact des espèces invasives dépendantes des eaux souterraines en Afrique du Sud
Étudier l’impact des espèces
invasives dépendantes des eaux
souterraines en Afrique du Sud
nviron 10 millions d’hectares sont réalisation de la cible 8 de l’objectif de parcourues dans des zones rocheuses pour
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envahis en Afrique du Sud par des développement durable n° 15, qui vise à trouver de nouveaux points d’eau ».
plantes exotiques (essentiellement des lutter contre les espèces envahissantes sur
espèces de prosopis, d’acacia et d’eucalyptus) terre et dans les écosystèmes aquatiques ». Lorsqu’elle était enfant, de nombreux habitants
dépendantes des eaux souterraines, dont du village croyaient que la baisse des
certaines consomment jusqu’à 50 litres Le programme de jeunes professionnels de précipitations et l’assèchement de la rivière
d’eau par jour. Ces plantes menacent les l’Institut de gestion des eaux souterraines de la résultaient d’actes de sorcellerie. Les cours de
services écosystémiques tributaires des SADC, soutenu par CIWA, a octroyé une bourse géographie qu’elle a reçus en dixième année lui
eaux souterraines et compromettent la de près de 11 000 dollars à Mme Moropane, pour ont expliqué le phénomène des précipitations.
conservation des eaux souterraines d’un financer ses travaux de recherche, ses frais de Elle a compris alors que la sorcellerie n’était pas
pays souffrant déjà de stress hydrique. scolarité, son logement et sa nourriture. à l’origine de l’assèchement de la rivière.
Selon Mme Moropane, ses recherches
Mmasechaba Lebogang Moropane, 26 ans, n’ont d’équivalent ni en Afrique du Sud ni « C’est à ce moment-là que j’ai eu envie d’en
veut contribuer à remédier à cette dans le reste du monde. Elle affirme que son savoir plus sur les précipitations et la manière
situation. Elle utilise les techniques de analyse documentaire lui a permis de dont l’eau se déplace dans l’environnement,
télédétection par satellite de Google Earth comprendre que bien que de nombreuses et que j’ai voulu faire des études de
Engine pour cartographier l’étendue des recherches aient été menées sur les géographie », dit-elle. Elle ajoute : « Le métier
espèces envahissantes dépendantes des écosystèmes dépendant des eaux d’hydrologue de l’environnement me
eaux souterraines dans le bassin souterraines et sur les espèces passionne aujourd’hui ».
hydrographique de Heuningnes, dans la envahissantes, très peu d’études font le
province du Cap-Occidental. lien entre ces deux domaines afin de Améliorer l’environnement
montrer l’impact de ces plantes sur les
Étudiante en troisième cycle à l’université écosystèmes et sur les niveaux des eaux pour la prochaine génération
du Cap-Occidental, Mme Moropane est souterraines. « Je suis très reconnaissante à la SADC de
convaincue que ses recherches aideront m’avoir accordé cette bourse », déclare
les gestionnaires de l’environnement et des Un fleuve en baisse Mme Moropane. « Mes parents ne pouvaient
ressources en eau à décider des mesures à Mme Moropane a grandi à Mokwete, une pas m’aider à réaliser mon projet. J’aurais dû
prendre pour lutter contre les espèces petite communauté agricole de la province de abandonner mes études ».
envahissantes, préserver les eaux souterraines Limpopo, située dans le nord de l’Afrique du
et protéger les espèces autochtones. Elle Sud. Son père cultive des légumes et élève Mme Moropane était une excellente élève. Elle
compte demander à l’Institut de gestion des des vaches et des chèvres sur un a reçu le prix Golden Key International Society
eaux souterraines de la SADC de la mettre en demi-hectare de terre. Il avait pour habitude et le Dean Merit Award à trois reprises pendant
rapport avec ces responsables une fois ses de mener la vingtaine de vaches qu’il ses études de premier cycle, puis a obtenu
travaux de recherche achevés. possédait à la rivière Ngwaritsi, derrière leur son diplôme en sciences de l’environnement
maison, pour qu’elles s’y abreuvent. À et de l’eau avec mention summa cum laude à
« Il est très important de déterminer la l’époque, cette rivière coulait toute l’année et l’Université du Cap-Occidental.
superficie occupée par ces espèces et leur débordait pendant la saison des pluies.
consommation en eau souterraine pour « Elle obtient des résultats exceptionnels », fait
promouvoir une meilleure adaptation au Aujourd’hui, dit-elle, « c’est une autre histoire ». remarquer Timothy Dube, professeur associé
changement climatique et à des conditions Le niveau de la rivière a commencé à en sciences de la terre et directeur de l’Institut
plus sèches », explique Mme Moropane. Les baisser brusquement alors que j’étais en d’études sur l’eau de l’université. « Elle est
espèces envahissantes s’adaptent plus sixième ou septième année d’études. Elle extrêmement curieuse, assidue, disciplinée,
facilement aux conditions plus sèches que était même complètement à sec certaines créative et travaille bien en équipe. »
les espèces autochtones, de sorte que, années. Il nous faut maintenant abreuver
d’après les prévisions, nous finirons par les quelques vaches qu’il nous reste à l’aide Mme Moropane veut obtenir son doctorat
perdre nos écosystèmes et les services de seaux à la maison. La plupart des vaches avant de travailler dans le domaine de la santé
qu’ils fournissent. Il est essentiel de prêter sont mortes de faim, des suites de maladies environnementale et de la conservation de
attention à ces espèces pour contribuer à la de l’estomac ou des longues distances l’eau. Elle souhaite également faire profiter
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