Asia Namusoke : contribuer au changement, pour sa communauté et pour le climat

Posté le : 18 octobre 2023

Le projet lancé en 2021 par le Discours du bassin du Nil (NBD) avec le concours du programme CIWA, a donné aux femmes et aux jeunes les moyens de militer en faveur d’une plus grande résilience face au changement climatique. Cette formation a eu une influence positive déterminante sur la vie des participants, comme en témoigne l’histoire d’Asia Namusoke. Ce qu’elle a appris l’a incitée à lancer une série d’initiatives, modestes, mais ingénieuses, qui transforment la vie des femmes et des jeunes de sa communauté en situation défavorisée à la périphérie de Kampala (Ouganda). 

Membres de Uganda Nile Discourse Forum (agriculteurs) à l’occasion de l’un des dialogues communautaires sur l’agriculture intelligente face au climat. Crédit photo : Discours du bassin du Nil

Village pauvre situé au nord de Kampala (Ouganda), Ndejje compte de nombreux habitants vivant avec le VIH/sida et ne dispose pas des ressources nécessaires pour pratiquer une agriculture intelligente face au climat qui lui permettrait de soutenir les moyens de subsistance de sa population et de préserver l’environnement.

Asia Mbajja Namusoke veut que cela change.

La formation organisée il y a deux ans par le Discours du bassin du Nil, avec le soutien de CIWA, a permis à Namusoke et à d’autres femmes de devenir des championnes de la résilience face au changement climatique. Elle a depuis utilisé ce qu’elle a appris pour lancer des initiatives destinées à encourager et à aider les habitants de Ndejje et d’ailleurs.

La formation lui a fait comprendre qu’il était important de cultiver des arbres, des fleurs, des épices et des légumes résilients face au changement climatique.

« Tout est devenu plus clair » pendant la formation, explique Namusoke.

« Je me suis rendu compte que de petites actions pouvaient faire la différence ».

« La formation dispensée pour promouvoir l’agriculture durable auprès des communautés a été une véritable source d’inspiration », déclare Namusoke, également fondatrice de People in Need Agency (PINA), une organisation à but non lucratif qui aide les femmes et les jeunes séropositifs à contribuer activement à l’amélioration de leurs conditions de vie et de celles de leur communauté.

Les projets qu’elle met en œuvre sont particulièrement utiles aux femmes de sa communauté, dont un grand nombre ont été victimes de violences sexistes et sont séropositives. Face aux difficultés rencontrées par les femmes mais aussi par d’autres, Namusoke explique qu’elle a « monté un projet témoin, générateur de revenus et respectueux de l’environnement comportant différentes activités comme la mise en place d’un potager urbain, l’élevage de lapins, l’apiculture, la création d’un centre de recyclage des déchets, et l’élevage de mouches soldats noires qui constitue une source alternative de protéines animales et d’engrais pour des cultures à haute valeur ajoutée. »

Les larves des mouches soldat noires transforment les déchets organiques en nutriments de haute qualité pour l’alimentation des animaux de compagnie, des poissons et des volailles, et même en engrais. Vingt-huit familles ont créé leur propre potager, 14 familles élèvent des lapins, 11 produisent des asticots et 10 ont installé des ruchers dans leur jardin. L’intérêt des projets de Namusoke est qu’ils procurent toute une série d’avantages allant de la sécurité alimentaire à l’atténuation des effets du changement climatique, en passant par l’amélioration des résultats de santé.

Kampala (Ouganda) : Asia Mbajja Namusoke plante des légumes adaptés au climat.

Ainsi, une femme qui produit du miel grâce à ses ruches peut le vendre sur les marchés locaux et générer des revenus.

« Elle pourra alors conserver son rendez-vous à la clinique et obtenir les médicaments qui lui sauveront la vie, car elle a désormais les moyens de s’y rendre », explique Namusoke.

« Nous partons du principe que les objectifs de développement durable sont liés : les mesures prises dans un domaine entrainent des répercussions sur les autres et le développement doit assurer un équilibre entre la viabilité sociale, économique et environnementale ».

Ainsi, dit-elle, « si la nourriture produite dans votre ferme urbaine est issue d’une agriculture durable, vous contribuerez à réduire les effets du changement climatique tout en améliorant la sécurité alimentaire ».

Namusoke explique que « cette initiative est conçue de manière à concilier les objectifs thérapeutiques et les objectifs de rentabilité, qui sont les deux piliers essentiels de notre projet générateur de revenus. Les membres de la population locale sont recrutés pour assurer la collecte des déchets, la gestion du projet, le marketing et les ventes, et reçoivent de l’aide pour lancer des activités économiques en lien avec le projet dans leurs foyers et leurs communautés. »

Namusoke ajoute que « cela leur permet de rester actifs, de gagner leur vie, d’acquérir des compétences et de contribuer aux efforts déployés pour lutter contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement ». Sa communauté, comme beaucoup d’autres en Afrique, manque de moyens pour faire face aux chocs climatiques. « Les pluies causent parfois des inondations, lesquelles peuvent être suivies d’une sécheresse », explique-t-elle. Nous n’avons ni la capacité ni les ressources nécessaires pour irriguer les champs », de sorte que les agriculteurs dépendent de la variabilité des précipitations qui sont imprévisibles.

La formation soutenue par CIWA a appris à Namusoke que chaque communauté devait se doter d’un comité de gestion de l’eau. Elle a rencontré les chefs de village et les a convaincus de former un comité de ce type, lequel sensibilise désormais les habitants pour qu’ils cessent de jeter leurs déchets dans les systèmes de drainage et qu’ils débarrassent les points d’eau des bouteilles sales et autres déchets afin d’éviter toute contamination. Le comité a également installé des poubelles un peu partout dans le village et encourage les habitants à recycler.

Namusoke espère un jour créer des centres de formation régionaux sur le changement climatique.

« Il y a tant à apprendre », précise-t-elle. « Ensuite seulement, nous pourrons transformer nos communautés » Elle ajoute : « La résilience face au changement climatique commence chez soi ».

Au jour de la clôture du Forum pour le développement du bassin du Nil, événement régional de haut niveau organisé tous les trois ans par l’Initiative du bassin du Nil (IBN), nous tenons à saluer l’engagement de l’IBN, de ses États membres et de ses partenaires de développement en faveur d’une Afrique résiliente face au changement climatique.

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