JOURNÉE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION ET LA SÉCHERESSE : FAIRE PASSER AU PREMIER PLAN LA GESTION INTÉGRÉE DU RISQUE DE SÉCHERESSE EN AFRIQUE AUSTRALE

Posté le : 16 juin 2021

Source de l’image : The United Nations Convention to Combat Desertification

Alors que le monde célèbre aujourd’hui la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, je tenais à parler de mon expérience du changement climatique, et plus précisément de l’une de ses manifestations les plus subtiles, les moins bien comprises et les plus meurtrières : la sécheresse. En effet, lorsque les articles de presse, les invitations à des séminaires en ligne et autres documents montrent des images de sécheresse, l’on ne voit qu’une parcelle de terre sèche et craquelée. Cette image ne fait guère ressortir les différents aspects de la sécheresse, pas plus qu’elle n’illustre ses trois principales répercussions sur la vie et les populations dans les pays en développement :

  1. Les répercussions sur l’économie et la sécurité alimentaire incluent entre autres les pertes subies dans le secteur agricole, notamment la baisse importante de la production de l’agriculture de subsistance et de l’agro-industrie. Il s’ensuit souvent des hausses de prix qui provoquent une chute de la consommation alimentaire des ménages et entraînent, de ce fait, la malnutrition et des retards de croissance.
  2. Les effets sur les infrastructures et la santé publique comprennent la réduction de l’approvisionnement en eau potable, la mise en place par les villes de mesures rigoureuses de rationnement de l’eau et la poursuite de travaux de construction d’urgence pour accroître les ressources en eau.
  3. Les retombées environnementales concernent la perte de biodiversité, la modification des flux migratoires, la détérioration de la qualité de l’eau (et l’augmentation de la prévalence des maladies), l’intensification de l’érosion et des incendies de forêt.

En Afrique australe, le Royaume d’Eswatini (« terre des Swazis ») est exposé à de nombreux risques naturels, mais la sécheresse reste de loin le risque le plus généralisé et la principale cause de dommages pour ce royaume enclavé. Des épisodes de sécheresse y sont observés tous les deux ans, et coûtent en moyenne 44 millions de dollars. L’épisode de 2015/2016 a été particulièrement dévastateur, puisqu’il a absorbé environ 19 % des dépenses annuelles du pays et représenté l’équivalent de plus de 7 % de son produit intérieur brut (PIB).

Les causes et les conséquences des sécheresses n’existent pas isolément. 

Mon travail en Eswatini m’a permis de constater que, en raison de la dispersion des populations, il est difficile d’assurer un accès sûr à l’eau pour la consommation des êtres humains, des animaux et des cultures à un coût abordable. Ces difficultés ne font qu’empirer en cas de sécheresse, et leurs effets se répercutent à nouveau sur l’ensemble de l’économie.

Ce phénomène n’est pas propre à l’Eswatini. L’Afrique australe est l’une des régions du monde les plus sensibles aux effets des sécheresses. Selon les estimations, celles-ci auraient coûté 3,4 milliards de dollars à la région entre 1980 et 2015, et touché directement plus de 100 millions de personnes. À l’avenir, la région devrait devenir plus chaude et plus aride en raison du changement climatique, ce qui augmentera le risque de sécheresses extrêmes.

Il reste très difficile de bien comprendre le phénomène des sécheresses récurrentes en Afrique australe, et d’y faire face. Pourtant, nous devons reconnaître que les épisodes actuels offrent l’occasion d’agir pour renforcer la préparation et la résilience à la sécheresse. C’est précisément dans cette optique qu’une équipe pluridisciplinaire de la Banque mondiale a conçu et lancé en 2020 le programme d’appui technique de l’Initiative pour la résilience de l’Afrique australe face à la sécheresse (SADRI), avec le soutien du programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA). Cette initiative a pour objet de développer les bases analytiques et institutionnelles nécessaires pour catalyser les investissements nationaux et régionaux en faveur de la préparation à la sécheresse et de mettre en place des conditions permettant d’accroître la résistance de la région aux conséquences multisectorielles de la sécheresse dans les 16 États membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Les travaux de SADRI s’articulent autour de trois piliers clés : 1) les villes, 2) les systèmes énergétiques, et 3) les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire.

Étant donné que les dispositifs permettant d’améliorer la préparation à la sécheresse ont souvent une portée et une mise en œuvre régionales et transfrontalières, l’approche proposée par SADRI repose sur un cadre intégré de gestion du risque de sécheresse :  

Source de l’image : SADRI

Les nouveaux profils de résilience à la sécheresse de l’Initiative de résilience à la sécheresse d’Afrique australe  

One way that SADRI is contributing to the knowledge base and helping to move the region towards a more robust drought policy and management is through the development of its new Drought Resilience Profiles for these 16 SADC countries. These profiles, which SADRI is launching today, featuring BotswanaeSwatiniLesothoNamibie, and Afrique Australe (other SADC member states to follow soon after), provide a snapshot of each country’s current drought resilience scenario, as evaluated within SADRI’s organizing framework. They are meant to establish a baseline and to serve as a conversation starter for where and how to move from reactive to proactive drought management. Along with other SADRI efforts taking shape over the next year, these profiles will hopefully pave the way for improved regional planning, collaboration, and action. 

“As droughts continue to put the Southern Africa region’s prosperity and livelihoods at risk, these new Drought Resilience Profiles represent an important first step in clearly understanding individual country trends, vulnerabilities, as well as identifying opportunities to build in drought risk resilience measures.” 

Anna Cestari, Chef d’équipe du programme SADRI

Nouvelle voie à suivre pour la mise en œuvre par l’Eswatini de mesures visant à renforcer la résilience face à la sécheresse 

La situation s’est considérablement améliorée en Eswatini depuis la sécheresse de 2015/2016. L’évolution observée dans ce pays illustre à bien des égards ce que représente le passage, pour un pays, d’une gestion réactive à une gestion proactive du risque de sécheresse de manière à tirer parti d’une crise pour améliorer la situation. Les efforts déployés dans tout le Royaume, sous la direction de l’Agence nationale de gestion des catastrophes, et avec le concours de la Banque mondiale et d’autres partenaires de développement, ont permis au pays d’accomplir des progrès considérables dans la mise en place d’un système de surveillance et d’alerte précoce à la sécheresse, dans l’élaboration de plans d’urgence en cas de sécheresse pour toutes les villes et communes et dans la création de mécanismes de financement des risques.  

SADRI espère encourager ce changement de cap dans l’ensemble de la région d’Afrique australe en soutenant pleinement des activités de renforcement de la résilience comme celles menées en Eswatini. 

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