Améliorer la mise en valeur des eaux souterraines au Sahel

Posté le : 18 avril 2023

Ce blog est le troisième d’une série consacrée à l’Initiative sur les eaux souterraines au Sahel lancée en 2020. Cette année, la Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA), qui soutient l’Initiative, a entrepris de publier une série de notes thématiques visant à en présenter les principaux enseignements.

Dromadaires de Mauritanie, Nouakchott (Ksar) Crédit photo : Carine Durand/Banque mondiale

Le changement climatique aggrave la pénurie d’eau qui sévit dans les déserts et les zones arides du Sahel occidental et du Sahel central (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) et menace les moyens de subsistance, l’agriculture et l’industrie. Le nombre limité de rivières et de lacs de la région fait ressortir sa dépendance à l’égard des eaux souterraines. Il est donc essentiel d’assurer une gestion durable de ces ressources pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en eau et des avantages socio-économiques à plus de 100 millions de Sahéliens. Toutefois, la majorité des investissements réalisés dans les installations d’eau souterraine le sont sans réelle compréhension des coûts d’opportunité potentiels.

L’initiative sur les eaux souterraines au Sahel a été conçue par CIWA comme un programme d’assistance technique visant à mieux préparer les futures interventions et à mieux faire connaître le rôle des eaux souterraines dans la sécurité de l’approvisionnement en eau. Elle vise à renforcer les connaissances sur les eaux souterraines et à améliorer la gestion de cette ressource, en mettant l’accent sur les éléments suivants : 1) la gouvernance des eaux souterraines, 2) le développement de modes d’irrigation pilotés par les agriculteurs (FLID) qui utilisent les eaux souterraines, et 3) les compétences spécialisées en science et ingénierie des eaux souterraines.

Le pastoralisme est l’un des secteurs des eaux souterraines qui a d’importantes répercussions économiques

Dromadaires de Mauritanie, Nouakchott (Ksar) Crédit photo : Carine Durand/Banque mondiale

Le pastoralisme joue un rôle économique majeur au Sahel, où plus de 20 millions de personnes élèvent du bétail pour gagner leur vie et subvenir aux besoins de leur famille. L’élevage contribue pour 15 % au produit intérieur brut de la région. Le mode de vie nomade de ces éleveurs et le climat aride et hyperaride de la région les rendent toutefois extrêmement vulnérables aux aléas climatiques et à la pénurie d’eau. Les eaux souterraines sont essentielles au maintien des moyens de subsistance de ces populations, à la productivité économique ainsi qu’à la santé humaine, animale, et environnementale et il existe d’amples possibilités de mettre en valeur cette ressource de manière à préserver les moyens de subsistance de ces populations et les écosystèmes dont elles dépendent. Il ressort toutefois d’une étude menée récemment par le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) dans le cadre du projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS) de la Banque mondiale que le réseau de points d’eau opérationnels ne permettait pas de répondre aux besoins des familles pastorales et de leur bétail. L’étude montre que les infrastructures ont été mal placées et que la conception et la construction des forages et des puits a laissé à désirer, de sorte qu’une grande partie des équipements ne sont que partiellement ou pas du tout opérationnels. L’étude souligne en outre l’importance que revêt l’approche « Une seule santé », qui intègre la prestation de services de santé humaine et animale et de préservation de l’environnement, pour améliorer les moyens de subsistance des populations pastorales. Sachant que ces dernières se rassemblent aux points d’eau à des heures précises, il est possible, dans le cadre de la stratégie « Une seule santé », de faire bénéficier les éleveurs et le bétail de services de soins de santé intégrés, notamment des campagnes de vaccination.

La première note thématique présente les principales conclusions de l’étude sur les eaux souterraines et le pastoralisme au Sahel.

Les écosystèmes dépendant des eaux souterraines (GDE) sont essentiels aux moyens de subsistance des populations rurales du Sahel.

Les GDE sont des écosystèmes qui doivent avoir accès aux eaux souterraines pour satisfaire tout ou partie des besoins en eau nécessaires à la survie des plantes et des animaux, à leurs processus écologiques et au maintien des services écosystémiques. Il existe quatre grandes catégories géographiques des GDE au Sahel : les eaux de surface intérieures, les écosystèmes côtiers et marins, les oasis et les sources terrestres, et la végétation terrestre. Ces écosystèmes non seulement procurent directement des biens et des services aux populations (poissons, bétail, plantes, médicaments, bois, purification et stockage de l’eau), mais aussi contribuent indirectement à leur bien-être en préservant la biodiversité, l’habitat et les paysages pour des raisons sociales, culturelles, esthétiques, éthiques et économiques. Ils sont en outre essentiels à la survie de diverses espèces protégées et figurent en bonne place dans les sites couverts par la Convention de RAMSAR relative aux zones humides. Les GDE du Sahel sont méconnus et leurs besoins en eaux souterraines sont rarement pris en compte dans les politiques d’aménagement du territoire, et cela doit changer.

La deuxième note thématique présente les principales conclusions de l’étude sur les eaux souterraines et le pastoralisme au Sahel.

Comment les nappes phréatiques peu profondes peuvent-elles favoriser le développement de mode d’irrigation pilotés par les agriculteurs ?

Le jardin maraîcher de Satara dans la région de Tillaberi (Niger). Crédit photo : © WFP/Mariama Ali Souley.

Les modes d’irrigation pilotés par les agriculteurs qui utilisent les eaux souterraines ne sont souvent employés que sur 9 % à 12 % des surfaces irriguées du Sahel occidental et du Sahel central. Les petits agriculteurs se heurtent à des obstacles techniques et infrastructurels qui empêchent une exploitation plus importante des eaux souterraines. Les puits et les forages secs ou effondrés, les rendements insuffisants ou décroissants et la faible capacité de stockage sont autant de problèmes rencontrés. CIWA a réalisé une étude sur les techniques d’irrigation à partir de sources souterraines et sur les obstacles liés au genre dans le Sahel, ainsi que sur les technologies d’irrigation à partir de nappes phréatiques peu profondes utilisées ailleurs en Afrique et en Asie du Sud, et a proposé une série de pistes. En améliorant la conception et la qualité des constructions des puits et des forages, il serait possible d’accroitre l’efficience de ces derniers, d’augmenter les volumes d’extraction, d’allonger la durée de vie des actifs et de réduire le coût de la construction. Les coûts associés à l’utilisation des pompes et la complexité de leur fonctionnement et de leur entretien constituent souvent un obstacle pour les petits agriculteurs, en particulier pour les femmes et les autres groupes de population vulnérables. Les pompes solaires de nouvelle génération, dont les coûts d’investissement et de fonctionnement sont plus faibles et qui sont relativement simples à installer et à entretenir, pourraient être une solution.

La troisième note thématique présente les principales conclusions de l’étude sur l’usage des eaux souterraines peu profondes pour l’irrigation dirigée par les agriculteurs.

Ce blog sera actualisé avec la publication de nouvelles notes thématiques sur la gouvernance des eaux souterraines et sur la manière dont la science et les compétences spécialisées peuvent contribuer à tirer parti des possibilités qu’elles offrent dans le Sahel.

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