Eaux transfrontalières et préservation de la biodiversité : comment le programme CIWA est-il devenu un acteur du changement ?

Posté le : 22 mai 2023

Éléphant en train de manger, rivière Limpopo, parc national Kruger, Afrique du Sud.

Il est plus important que jamais de prendre conscience de la menace qui pèse sur la biodiversité, et d’agir en conséquence.

La perte de biodiversité dans le monde se poursuit à un rythme alarmant : des dizaines de milliers d’espèces animales et végétales ont disparu sous l’effet des activités humaines, comme l’agriculture à grande échelle, la surexploitation des ressources naturelles et du changement climatique.

On estime que la surexploitation et la dégradation des écosystèmes de la biodiversité entraîneront la perte de 50 % des espèces d’oiseaux et de mammifères d’Afrique, et de 20 à 30 % de la productivité des lacs d’ici la fin du siècle, ainsi que le déclin de la faune sauvage et de la pêche. Source : Centre mondial de surveillance pour la conservation du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE-WCMC), 2016.

L’appauvrissement de la biodiversité menace la moitié de nos écosystèmes, et plus particulièrement les zones humides et les écosystèmes fluviaux.

Pourquoi faut-il s’en préoccuper ?

Une biodiversité riche et abondante produit d’importants avantages socio-économiques, souvent dans les zones rurales pauvres, et contribue à créer des emplois, à réduire la pauvreté, à renforcer la résilience face au changement climatique et à favoriser une croissance inclusive. Les fleuves, les zones humides et les châteaux d’eau, infrastructures écologiques cruciales, contribuent à assurer la sécurité hydrique, la sécurité alimentaire et un développement économique durable.

Pour citer le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, « La diminution de la diversité biologique menace notre approvisionnement en nourriture, la possibilité de profiter de nos loisirs et de faire du tourisme, ainsi que nos ressources en bois, en médicaments et en énergie. Elle interfère également avec des fonctions écologiques essentielles. »

Le programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique a mis en place une équipe chargée d’approfondir l’approche adoptée par le programme pour la conservation de la biodiversité et les questions liées aux eaux transfrontalières.

Le Groupe de la Banque mondiale est la principale source de financement multilatéral des projets touchant à la biodiversité. Au cours de l’exercice 22, les investissements de la Banque dans ce domaine se sont élevés à 2,8 milliards de dollars, contre 1,9 milliard de dollars au cours de l’exercice 21, et ont soutenu plus de 100 projets comportant des investissements directs en faveur de la nature.

Le programme CIWA cherche à mieux concilier ses initiatives de coopération dans le domaine des eaux transfrontalières avec les objectifs de conservation de la biodiversité, notamment en identifiant les points de convergence entre la gestion des eaux transfrontalières et la conservation de la biodiversité des eaux douces.

Les fleuves et autres écosystèmes d’eau douce sont en effet indispensables à la préservation de la biodiversité et des avantages que procurent des systèmes naturels sains, fonctionnels et connectés, et la coopération en matière d’eaux transfrontalières peut y contribuer.

Les cours d’eau produisent les sédiments nécessaires au maintien des berges, des plaines inondables, des dunes côtières et des deltas. Les zones humides sont l’un des écosystèmes les plus riches en biodiversité au monde. Elles contribuent à réduire les risques d’inondation, à purifier l’eau et à recharger les nappes phréatiques, et elles favorisent une pêche durable.

Les poissons d’eau douce sont essentiels au maintien des moyens de subsistance des populations locales, à leur sécurité alimentaire et à l’économie locale. Les écosystèmes dépendant des eaux souterraines (GDE) sont tributaires de la durabilité de ces ressources, notamment la végétation ripicole et les prairies, qui contribuent indirectement à la préservation des lacs et des zones humides.

CIWA a récemment réalisé une évaluation des activités qu’elle mène dans le domaine de la biodiversité en Afrique subsaharienne pour :

  • Étudier comment les cours d’eau et les autres écosystèmes d’eau douce transfrontaliers contribuent à la biodiversité et aux services et avantages associés à des systèmes naturels sains.
  • Identifier les principales menaces pesant sur les cours d’eau et les écosystèmes d’eau douce.
  • Élaborer une méthodologie et une approche permettant d’évaluer dans quelle mesure les activités du programme CIWA contribuent à préserver la biodiversité (y compris le cadre DPSIR de l’Union internationale pour la conservation de la nature [UICN] ci-dessous — Forces motrices, Pressions, État, Impact, Réponses).
  • Présenter les résultats et un cadre conceptuel d’un plan d’action qui seront examinés avec les parties prenantes de la région.

Cette évaluation a permis de déterminer que le soutien de CIWA aux activités liées à la biodiversité contribue directement et indirectement à la préservation de cette dernière en Afrique subsaharienne.

Les activités menées par CIWA en faveur de la biodiversité facilitent ainsi directement l’adoption d’approches intégrées et innovantes permettant de mieux comprendre les liens entre le renforcement de l’intégrité des écosystèmes et la connectivité des cours d’eau, la place accordée à l’adaptation au changement climatique dans la planification et la gestion des ressources en eau douce, et la fourniture de services écosystémiques.

CIWA participe également, de manière indirecte, au renforcement des organismes de bassin et des agences nationales de gestion de l’eau, au soutien des organisations de la société civile visant à faciliter la prise de décisions fondée sur des données probantes, à la mise en place de plateformes de partage d’informations et à l’amélioration des moyens de subsistance des populations rurales afin de lutter contre les pratiques non viables d’exploitation des ressources naturelles.

L’évaluation a également fait ressortir la possibilité de concevoir une approche intégrée plus structurée pour prendre en compte la préservation de la biodiversité dans la planification, la conception et la mise en œuvre des activités et des initiatives de CIWA.

Des pays ont adopté le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal lors de la COP15 organisée en décembre 2022. Ils se sont engagés à conserver et à gérer au moins 30 % des terres, des eaux intérieures, des zones côtières et des océans de la planète. Cet accord met l’accent sur les zones particulièrement importantes pour la biodiversité ainsi que pour le fonctionnement et les services des écosystèmes.

CIWA étudie les possibilités de renforcer la coopération en matière d’eaux transfrontalières en vue de préserver la biodiversité, pour notamment :

  • Contribuer à l’amélioration de la santé environnementale, humaine et économique de la région du lac Victoria et des communautés environnantes en adoptant une démarche holistique et durable d’assainissement à l’échelle du bassin. Regardez notre vidéo :

  • Utiliser des modèles pour améliorer la prise de décision concernant l’écosystème du bassin du Niger. Regardez notre vidéo :

  • Investir durablement dans les moyens de subsistance des plus démunis afin d’accroître les avantages pour les populations locales tout en restaurant et en préservant l’intégrité de la biodiversité du bassin du fleuve Cubango-Okavango. Regardez notre vidéo :

  • Formuler différentes options concernant un mécanisme institutionnel durable d’appui à une gestion transfrontalière concertée du bassin aquifère sénégalo-mauritanien (BASM) dans l’ouest du Sahel. Regardez notre vidéo :

  • Renforcer les connaissances sur les ressources en eau et la gestion des données dans la zone de conservation transfrontalière du Grand Limpopo. Regardez notre vidéo :

L’intensification du changement climatique, particulièrement marquée en Afrique, impose plus que jamais de tenir compte de la biodiversité dans les projets de développement.

Excellente 30e journée de la biodiversité !

Le programme CIWA prépare un cadre conceptuel d’action sur la conservation de la biodiversité et sur la coopération dans le domaine des eaux transfrontalières qui sera mis en place au cours des exercices 23-24. Rendez-vous prochainement pour en savoir plus !

POUR EN SAVOIR PLUS

1. Publications/Ressources

Rapport annuel de CIWA 2022

CIWA À 10 ANS

Note thématique de CIWA : Révéler le potentiel socio-économique des écosystèmes dépendant des eaux souterraines au Sahel

Le Plan d’action pour le développement et la résilience climatique du lac Tchad (en anglais)

Engagement de la Banque mondiale dans les eaux transfrontalières en Afrique de l’Ouest : Rétrospective et leçons tirées (en anglais)
Navigating the Network: Stakeholder Mapping in Support of Investment Planning in the Cubango-Okavango River Basin (en anglais)
Realising the Benefits of Transboundary Water Cooperation in the Cubango-Okavango River Basin (en anglais)
Addressing Poverty Through Multi-Sector Investments in the Cubango-Okavango River Basin (en anglais)
The Cubango-Okavango River Basin Multi-Sector Investment Opportunities Analysis
Fouta Djallon Water Atlas
(en anglais)

2. Événements

COP15 : NATIONS ADOPT FOUR GOALS, 23 TARGETS FOR 2030 IN LANDMARK UN BIODIVERSITY AGREEMENT (en anglais)

Page web du PNUE sur la conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15) en décembre 2022

3. Blogs

Protéger la biodiversité grâce à des solutions transfrontalières en Afrique

La modélisation et un processus de décision renforcé au secours de l’écosystème du bassin du Niger
Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse : Faire passer au premier plan la gestion intégrée du risque de sécheresse en Afrique australe

4. Podcasts

Conservation et protection du bassin Cubango-Okavango en Afrique australe (en anglais)

Biodiversité : des programmes de coopération de qualité sur les eaux transfrontalières (en anglais)

5. Articles

Rencontrez le grand champion du Limpopo TFCA Piet Theron

Promote rural development for communities around protected areas (en anglais)

© | Cooperation in International Waters in Africa
fr_FR